Messe de rentrée académique

La messe de rentrée académique "Logos" aura lieu ce mercredi 1er octobre  2014 à 19h.30 à la Collégiale Saint Jean l'Evangéliste. Elle sera présidée par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège. A 20h.15, la parole sera donnée au recteur de l'Université de Liège, le professeur Albert Corhay. Tous les étudiants et professeurs sont les bienvenus pour cette messe de rentrée de la pastorale Logos.

Pastorale Logos
Place Xavier Neujean, 42
4000 Liège
0497/42.00.24

www.projetlogos.be

 

Rentrée académique
Pastorale Logos

1er octobre 2014

Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

Chers Étudiants, chers Enseignants,

Chers Frères et Soeurs,

En ce début d’année académique, Jésus nous dit (Mt 11,25-30) : « Venez à moi et je vous procurerai le repos ». « Vous trouverez le repos pour vos âmes », ajoute-t-il, c’est-à-dire pour vos vies et votre psychè. Cette confiance en Jésus repose notre psychè. Or celle-ci est souvent agitée, en proie à beaucoup de sentiments divers, spécialement quand on affronte une nouvelle année d’étude. Le repos se trouvera dans l’accueil de Jésus dans notre vie et dans l’accueil du petit, à son exemple. Mais en particulier dans l’amitié, le doux joug de l’amitié, de l’attention aux autres.

1. Ici, dans cette église, maison de prière, nous assistons à une prière de Jésus : « En ce temps-là, Jésus prit la parole », nous dit l’évangéliste Matthieu. Littéralement, « dans cette occasion favorable », en ce kairos. C’est paradoxal : en effet, des villes comme Bethsaïde et Corazine viennent de rejeter Jésus. C’est ce que souvent nous vivons aujourd’hui : on rejette la foi chrétienne. Mais Jésus ne râle pas pour autant : il « proclame la louange de Dieu », il « avoue sa reconnaissance » !, en latin confiteor, avouer, reconnaître. Chose inattendue ! Il reconnaît l’action cachée de Dieu dans les petits : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé au tout-petits ». Jésus oppose deux catégories de personnes : ceux qui se prennent pour des sages et des savants ; et ceux qui ont un esprit d’enfance, de fragilité. Ici Jésus se réfère à ceux qui le suivent et lui sont reconnaissants : des blessés, des pécheurs, de petits employés, des pauvres… Ce sont les petites gens qui comprennent d’un coup l’importance de la foi dans la vie, parce que leur fragilité les pousse à chercher la confiance en Dieu.

J’en ai fait l’expérience dernièrement en visitant une maison de repos et de soin, avec une section spéciale pour les handicapés graves. J’ai pu admirer le dévouement du directeur, du personnel et des bénévoles envers les malades. J’entre dans une chambre et je découvre une femme africaine au corps tout déformé par un handicap de naissance ; elle ne par le pas clairement ; alors je lui dis quelques paroles, je lui explique que je suis l’évêque, et que je suis heureux de la rencontrer et de lui parler ; je lui caresse le front et je la bénis ; elle sourit et se tortille sur son lit. Puis elle émet quelque son et j’entends A A A. Je sors de la chambre. Le directeur me dit : « vous avez compris ce qu’elle a dit ? » Je réponds : « non, elle a juste émis quelques sons ! » « Pas du tout, répond le directeur ! Elle a dit : Alleluia ! Alleluia ! » Alors j’ai été étonné de la réaction d’amour de cette femme et encore plus étonné de la capacité de compréhension du directeur ! Ainsi on découvre la capacité de reconnaissance des tout petits !

2. Ensuite Jésus dévoile l’origine de cette prière paradoxale : sa relation de confiance à Dieu comme à un père. Ce mystère du petit et du fragile qui vit la reconnaissance est lié au mystère de Dieu comme Père. « Personne ne reconnaît (ne découvre : epigignôscô) le fils sinon le Père. » Jésus est bizarre. Donc Dieu seul reconnaît ce qui se passe en Jésus. Et « personne ne reconnaît (ne découvre, n’apprend à connaître) le Père sinon le fils et tout qui à qui il veut le révéler ». Donc Dieu est inconnu sinon grâce au Christ. Cela interpelle notre mentalité actuelle ; on se demande souvent : Qui est Dieu ? Où est Dieu ? Entend-il ma prière ? Jésus nous donne une réponse. Dieu est là où je découvre le petit, il me fait découvrir le petit. Le Christ lui-même se perçoit d’abord dans les petits, les nèpiois, ceux qui apprennent à connaître. C’est le mystère de l’union du Père et du fils : elle passe par la révélation aux petits.

3. Cette relation à Dieu change notre condition, elle est un « plus » énorme. Cette révélation débouche sur l’accueil de ceux qui peinent, qui sont lassés, fatigués (kopiôntes) et sont chargés. On voit ici un élargissement de la vision au monde entier. Nous à notre tour sommes invités à élargir notre horizon à tous ceux qui souffrent sur cette terre, à ne pas fermer les yeux ni notre cœur. Car à tous, Jésus procure le repos. Quel repos ? Farniente ? Pas vraiment : « Prenez sur vous mon joug », dit-il ; un joug peut être lourd : on parlait du joug de la Loi ; mais Jésus dit : mon joug. Il se substitue à la Loi. Ce joug est léger, mais il est utile : il sert à tirer un char ou une charrue ; il décuple les forces. Prendre sur soi le joug de Jésus, c’est prendre au sérieux sa parole, c’est ‘apprendre de lui’, traduit par ‘devenir ses disciples’. C’est ne pas se contenter de notre propre force ; c’est recevoir d’un autre. Un autre qui n’en impose pas, qui est « doux » et qui est humble en son cœur, au cœur humble.

4. Comme étudiants, comme enseignants, nous pouvons ainsi commencer l’année, le cœur léger, confiants dans notre petitesse et dans la force d’amour de Dieu. D’un point de vue personnel, vivons cette découverte que Jésus nous fait faire de notre fragilité et de notre faiblesse. Ainsi nous vivrons dans la reconnaissance ! D’un point de vue communautaire, recevons ce message ensemble. « Venez à moi », dit Jésus, au pluriel ! Cela nous invite à la solidarité. La communauté dominicaine, la pastorale Logos, nous invitent à vivre cette amitié et cette solidarité avec les petits. Remercions le Seigneur qui nous fait ainsi nous découvrir sous un jour nouveau ; et qui nous offre, ainsi qu’au monde entier, le repos de nos âmes et le joug léger de sa parole.