19e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1996-1997

'Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire vers moi. " Cette parole de Jésus dans l'évangile éclaire le sens de notre foi. Elle fait comprendre ce que "croire" veut dire aujourd'hui pour nous, ce que cela signifie d'être croyants.

En effet, pour affirmer notre foi, nous ne disons pas seulement : "Je crois que Dieu existe". Nous disons : "Je crois en Dieu, le Père". Qu'est-ce que donc que croire en quelqu'un ?

Le petit enfant qui se jette dans les bras de ses parents avec une confiance éperdue, ne dit pas et Je crois en toi, papa ou maman", mais il nous montre que croire en quelqu'un est un élan d'amour, un don de soi sans retenue, un abandon à la tendresse de l'autre. Et les amoureux ne disent sans doute pas : "Je crois en toi, chéri", mais ils nous assurent que sans l'autre leur vie perdrait son sens, sa joie et sa lumière, que sans l'autre ils ne seraient plus rien.

Croire en Dieu, c'est donc vivre cet élan d'amour confiant, sûr qu'il nous attire à lui avec tendresse, c'est lui dire "Que serais-je sans toi ?" Mais ce n'est évidemment pas facile de faire confiance à une personne que l'on ne voit pas. Dieu, personne ne l'a jamais vu. Personne parmi nous ne connaît ni son visage, ni sa mimique. Tout au plus pouvons-nous percevoir sa présence à travers la grandeur de l'univers et la beauté de la nature. Mais personne ne l'a jamais rencontré au coin d'une rue. Jésus d'ailleurs nous l'affirme :'personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu".

C'est sans doute un peu plus facile de croire en Jésus de Nazareth, parce qu'il est un homme comme nous. Nous savons qu'il a existé, il y a deux mille ans... Mais "croire en lui", lui faire totalement confiance alors qu'Il n'est plus là. Ce n'est pas non plus très évident. Nous savons qu'il a vécu et qu'il est mort à Jérusalem un certain vendredi. Les savants historiens peuvent même aujourd'hui en préciser la date : le 14 du mois de nisan, ou le 7 avril 30 de notre ère. Ses disciples et après eux les premiers chrétiens ont affirmé qu'il s'est réveillé, qu'il s'est relevé de la mort, qu'fl est ressuscité, qu'il est vivant d'une autre manière près de Dieu et les évangélistes nous ont parlé de lui, comme d'une personne vivante après sa mort, au moins par son esprit.. "Croire en lui", c'est donc penser qu'fl est maintenant près de Dieu et lui faire confiance, c'est vivre un élan d'amour en sa personne. C'est être convaincu que cet homme admirable dont on nous parle, fut, comme il le dit lui-même, "le pain qui est descendu du ciel", "le pain de la vie" c'est-à-dire le pain qui fait vivre de la vie même de Dieu.

Mais comment cet homme, fils de Joseph, dont le père et la mère sont connus des juifs, comment cet homme peux-il réclamer la foi en lui, en sa personne, comme on donnerait sa foi à Dieu si l'on croit en lui ? Ses auditeurs, en effet, récriminèrent : "comment peut-il dire : je suis descendu du ciel ? N'est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. " Ces doutes vis à vis de sa personne et de ses dires ne sont pas nouveaux. Déjà les hébreux dans le désert avaient murmuré contre Dieu. Les juifs à Capharnaüm protestèrent contre Jésus qui leur semblait se donner un rôle important dans leurs relations avec l'Eternel. C'est une même attitude de réserve voire de refus devant l'aspect déroutant de l'intervention divine. Comment est-ce alors possible de croire en Jésus ?

"Personne ne peut venir à moi, nous dit-il, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire vers moi" La foi et la confiance en Jésus de Nazareth ne vient pas toute seule. En ce sens elle est un don de Dieu lui-même. Ce n'est qu'en se laissant instruire par Dieu au plus profond de soi, en se laissant guider par l'élan de confiance qui nous fait dire "Je crois en Dieu le Père" que nous pouvons ajouter : "Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur". Si bien que croire, c'est non seulement dire à Jésus « je crois en toi », mais aussi dire au Père : "Je crois, Père, que tu m'attires vers toi en m'attirant vers ton Fils, pain de vie".

Reconnaître Jésus comme pain de vie, c'est affirmer qu'il nous est nécessaire comme le pain, nourriture de base, indispensable, parce queue assure notre croissance et notre maintient dans la vie, dans l'existence. C'est la personne même de Jésus de Nazareth qui est un don d'amour que Dieu fait à l'humanité. Et ce don divin, personne ne peut le recevoir sans l'assistance même de celui qui le donne. 'Personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle." Redisons ici que dans l'évangile de Jean, la vie éternelle n'est pas uniquement la vie après la mort ou la vie eschatologique c'est-à-dire celle qui continue au delà de la fin des temps. La vie éternelle est la vie d'union à Jésus dès cette terre et sans limite, au delà du temps...

Les pères, au désert, ont mangé la manne. Ils n'ont pas échappé à la mort pour autant. Elie, découragé et demandant la mort, est invité par un messager divin à se lever, à se réveiller, à se relever et à manger un pain, venu du ciel et qui donnera force pour la route. Jésus lui, qui s'est relevé de la mort est ce vrai pain de vie, parce qu'il est lui-même "vivant" de la vie de Dieu. 'Je suis le pain vivant descendu du ciel, celui qui mange de ce pain vivra éternellement. " Avant même de parler du pain eucharistique, la personne de Jésus est elle-même pain de vie, pain nécessaire et indispensable. Ses paroles, son enseignement et son exemple, tout son comportement humain est vie qui vient de Dieu. Y adhérer dans la confiance est le sens même de notre foi chrétienne.