Pâques

Auteur: Stéphane Braun
Date de rédaction: 17/04/22
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

La fête de Pâques ! Pour les chrétiens, la fête de la résurrection du Christ, l’objet de notre foi, l’origine et le sens de notre appartenance.

Tous les récits de vie après la mort, d’éblouissement après la mort clinique, de flash à la sortie d’un tunnel, etc.… sont un peu passés de mode. Et pourtant, pour les chrétiens, cette vie après la mort est l’élément fondateur de leur foi, du sens de leur vie.

Nous sortons du cycle liturgique de la passion pour entrer dans celui de Pâques. C’est le chemin, de la croix à la résurrection, qui passe devant un tombeau vide.

A la veille du sabbat, le tombeau contenait le corps de Jésus et, le lendemain, premier jour de la semaine, devenu chez nous le dimanche, le tombeau est vide. Un lieu de souvenir, de chagrin, de désespoir ou tout simplement de mémoire, devient l’espace d’une découverte décisive pour notre humanité.

Saint Jean nous emmène dans ce jardin, dans l’expérience extraordinaire d’un tombeau vide pour transformer l’expérience de l’absence en celle de la présence.

Marie de Magdala une femme, amie de Jésus, est la première à en faire la découverte.

Elle est encore tout envahie de tristesse et de douleur après la perte brutale de celui qui l’a entrainée dans cette expérience unique et extraordinaire d’être profondément aimée. Tous ceux qui ont vécu la perte d’un être cher, savent bien ce qui reliait, prenait de la place et brusquement s’arrête : les paroles, les senteurs, le tactile, et tant de choses encore ... Commence alors le chemin du deuil : L’expérience, au fil des jours de l’absence, de ce qui n’est plus comme avant, de ce qui manque. Le temps d’accepter ce qui ne reviendra pas pour petit à petit découvrir que quelque part, au fond de soi, il y a toujours une présence.

Marie de Magdala n’en est pas encore là. Elle vient se recueillir. Encore tellement proche d’une présence, elle vient pleurer la réalité d’une absence.  Mais le tombeau est ouvert et le corps a disparu !

C’est inimaginable ! Quelqu’un a pris le corps ! Marie Madeleine se précipite à la ville pour annoncer la découverte aux disciples.

Pierre, le premier choisi, et Jean, le bien-aimé, courent voir ce qui s’est passé.

Jean arrive le premier. Il ne rentre pas dans le tombeau ce n’est pas nécessaire parce qu’il a déjà compris l’importance de l’évènement. Il en laisse la primauté à Pierre. Un peu comme s’il laissait à Pierre, le leader choisi par Jésus, le privilège de faire en premier la découverte extraordinaire du tombeau vide pour l’annoncer aux autres.

Jean aimait vraiment Jésus et dans cette relation privilégiée de confiance, il était déjà relié à cette vie qui ne peut mourir. La foi était au fond de son cœur. Il n’avait pas besoin de vérifier l’absence. « Il vit et il crut » dit l’évangile. Alors qu’il n’y a rien à voir sinon quelques bandelettes. L’absence est invisible mais la présence fait déjà partie de son expérience.

Les bandelettes étaient pliées et bien rangées. Le corps ne pouvait donc avoir été volé

Pierre, encore sous le choc, doit entrer dans l’obscurité de la tombe, celle de notre humanité, pour en ressortir dans la lumière. Il mettra encore un peu de temps pour entrer dans une démarche de foi et de confiance.

L’évangile nous dit aussi que les disciples ne sont pas encore prêts non plus pour faire le lien avec les écritures dans lesquelles il est dit que « le troisième jour, Jésus allait se relever d’entre les morts ».

Plusieurs d’entre nous ont déjà vécus, pour eux-mêmes ou avec d’autres, des expériences de résurrections. L’expérience de ces moments privilégiés qui nous font remonter à la surface, sortir des ténèbres de nos tombeaux pour retrouver confiance dans la vie, pour retrouver la lumière.

Ces expériences humaines, majeures dans notre histoire ou toutes simples dans notre quotidien sont les petites étincelles qui, dans la foi, pourront nous éclairer et un jour nous éblouir.

Pâques, c’est bien plus que la fête du souvenir d’un évènement. C’est un mémorial, une mémoire que l’on s’approprie pour la prolonger.

Pâques, c’est la sortie du tombeau de nos fragilités, de nos péchés, de nos peurs, pour se laisser entrainer dans la lumière d’une extraordinaire fécondité.

Pâques, la fête d’aujourd’hui nous rappelle que nous sommes partenaires de la résurrection, de cette vie qui ne meurt pas et nous est confiée. Dieu a besoin de nous pour aimer et devenir Christ à notre tour.

Pendant la course des deux disciples, Marie de Magdala était restée seule dans la tristesse devant le tombeau vide.

Lorsqu’une petite voix derrière elle, celle d’un jardinier, l’appelle par son prénom : « Marie, pourquoi pleures-tu ? Je suis là, à tes côtés pour t’accompagner ».

Nous avons tous un prénom, Amen