21ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 21/08/22
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Il était à la fois paresseux et procrastinateur.  Pourquoi se fatiguer à mettre en place aujourd’hui des choses qui ne serviront que demain ?  Si jeune et déjà philosophe.  Je vous dis si jeune car ses pensées le traversaient alors qu’il était encore dans le ventre de sa mère.  Il se disait « je vais attendre l’accouchement pour me former des yeux puisque là où je suis pour le moment, il n’y a pas de lumière.  Je vais aussi attendre l’accouchement pour développer les muscles de mes jambes puisqu’il m’est impossible de marcher là où je suis ».  S’il avait vraiment pu penser ainsi, il ne se serait pas bien préparé à la vie.  Heureusement pour lui, durant le temps de sa propre gestation, il a pu développer tous les organes qui vont lui permettre de vivre pleinement sa vie après la naissance.  Le bébé s’est donc lui aussi préparé à la vie nouvelle, tout comme nous sommes appelés à nous préparer à la vie éternelle.  Et ce, pour la simple et bonne raison que nous y sommes déjà.  Cette vie éternelle n’est pas une promesse pour un futur lointain.  Elle se réalise déjà, ici et maintenant. 

Toutes et tous, nous le savons car nous l’avons déjà expérimenté dans nos histoires personnelles : la vie n’est pas un longue fleuve tranquille.  Nous sommes priés de retrousser nos manches et de mettre les mains dans le cambouis.  Pour le dire autrement, nous avons à développer dès à présent toutes ces qualités divines qui nous permettent de vivre sur cette terre en présence de Dieu.  Une vie spirituelle, nous dit le Christ dans son évangile, n’est pas de tout repos et surtout n’est pas atteinte une fois pour toute.  La carte de parti ne suffit pas ! Nous ne sommes pas appelés à nous reposer sur nos lauriers.  Un jour, nous avons répondu à l’invitation de la foi en reconnaissant que Dieu est Dieu.  Mais, au fil des années, cette foi peut s’amoindrir voire disparaître, si nous n’y prêtons pas attention, si nous ne faisons pas les efforts nécessaires pour l’entretenir.  Comme le soulignait un théologien français : « il en va de notre cheminement spirituel un peu comme de celui d’un athlète qui participe à une compétition.  C’est d’ailleurs ce que saint Paul clame avec force dans sa première Lettre aux Corinthiens : ‘Vous savez bien que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas’ (1 Corinthiens 9, 24-25). Notre pèlerinage sur cette terre est un peu comme un entrainement spirituel ». Chacune et chacun, nous avons à nous exercer et surtout à persévérer.  La foi n’est pas un cadeau reçu une fois pour toute.  Elle nous est donnée comme une invitation à nous mettre debout et à agir pour la construction du royaume de Dieu.  Notre foi est constamment provoquée par les injustices que nous pouvons vivre ou que d’autres, proches de nous, vivent également.  Elle est régulièrement soumise à des épreuves et nous pouvons alors être traversés par ce sentiment d’absence de Dieu.  Il ne nous répond pas.  Il ne nous répond plus.  Ce que nous avons oublié, c’est que ce n’est pas d’abord Dieu qui nous répond mais plutôt nous qui lui répondons suite à l’invitation qu’il nous a faite de mettre nos pas dans les traces de son Fils.  C’est donc bien nous qui répondons à Dieu.  Et notre réponse se vit dans l’intimité de la prière, dans l’écoute de la parole de Dieu, dans la célébration des sacrements mais aussi dans tout ce que nous entreprenons où nous devenons la présence effective de Dieu sur notre terre.  Il a tant besoin de nous.  Il ne peut se passer de nous pour que notre terre puisse tourner plus justement, c’est-à-dire ajustée à sa propre volonté.  C’est la raison pour laquelle le Christ nous dit : « Efforcez-vous ».  Tout comme en amour, il y a une dimension laborieuse de la foi.  Ne fuyons pas nos responsabilités de croyantes et croyants car c’est dès à présent que se joue notre éternité. Nous sommes comme des ascensionnistes sur la montagne de la Vie.  La vie se marche, la vie se vit. Chacune et chacun, nous avons notre rythme. Il n'y en a pas un meilleur que l'autre puisque c'est à nous de trouver celui qui nous convient.  L’essentiel est de ne jamais s’arrêter de marcher, c’est-à-dire d’œuvrer à la venue du Royaume de Dieu par nos paroles et nos actes.  Efforçons-nous et notre couronne de laurier jamais ne se fanera.

Amen