4ème dimanche du Carême (année C)

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 31/03/19
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : C
Année: 2018-2019

« Pourquoi fais-tu la fête en l’honneur de mon frère ? Pourquoi organises-tu un grand repas pour lui ? », tels sont les reproches que le fils aîné adresse à son père.  Et c’est vrai que c’est souvent plus fort que nous.  A un moment ou à un autre, on compare ce que l’on a avec ce que les autres peuvent avoir.  Cela peut être la voiture ou la maison. 

Et cela on peut le comprendre : c’est parce qu’il a une meilleure situation ou qu’il gagne beaucoup plus d’argent ou qu’il a hérité de ses parents ou des parents de sa femme.  Cela, on peut le comprendre.  Mais c’est parfois injuste : pourquoi la femme de mon voisin est-elle plus belle que la mienne ? Et la comparaison se fait dans tous les domaines.  Chez les artistes selon le succès ou le nombre de disques vendus.  Chez les universitaires selon le ranking calculé selon le nombre d’articles parus et le niveau de la revue où ils sont parus.  On a toujours besoin de comparer pour se rassurer. 

Et cela brise les liens les plus forts, ceux de la famille.  Vous avez remarqué : le fils aîné ne parle pas de son frère, il l’appelle le fils de son père : « et quand ton fils a tout dépensé avec des filles ».  C’est comme dans un couple.  Quand un garçon fait des bêtises, c’est toujours la faute de « ton » fils, pas de « mon », ni de « notre » fils.  Cela va même plus loin parce que, quand Dieu accueille le sacrifice d’Abel, Caïn est tellement jaloux qu’il tue son propre frère.  La jalousie est tellement forte.  L’égoïsme devient tellement grand qu’on n’en a jamais asse, qu’on n’est jamais content.  On voit ça chez certains enfants quand il y a un petit frère ou une petite sœur qui apparaît.  Il faut préparer un biberon pour le plus grand.  Il y a comme une régression.  L’aîné est jaloux de ne plus être le centre du monde.

Et c’est vrai que cela peut provoquer une angoisse presque maladive.  Je me souviens que, jeune homme, je connaissais une jeune fille de la belle bourgeoisie montoise.  Elle avait l’habitude de sucer une perle qu’elle portait normalement autour du cou.  Et je lui avais demandé pourquoi elle faisait cela.  Elle me répondit que c’était le signe d’un manque d’affection.  Je me suis dit que ce n’était pas comme cela qu’elle résoudrait son manque. 

Et c’est vrai que nous avons besoin de petits gestes et de petites attentions.  Et là aussi, c’est nous qui attendons plutôt que nous donnons.  Et c’est, entre autres, pour cela que nous sommes ici.  Nous venons passer un petit moment avec Dieu.  Cela nous fait du bien, mais cela lui fait plaisir. 

Mais alors quelle est l’image parfaite de la non-jalousie ? Quel est le modèle à suivre ? Quelle est la personne qui a vécu sans jalousie ? Mais, je pense, c’est la Vierge Marie.  Elle n’a pas eu la vie qu’elle rêvait.  Il s’est passé beaucoup de choses qu’elle ne comprenait pas, mais elle avait confiance en Dieu.  Elle était sûre de son amour.  Et il y a une espèce de sérénité qui se dégage d’elle.  Elle est paisible parce qu’elle se sait aimée.

Alors, en célébrant cette Eucharistie, laissons de côté toutes nos revendications et toutes nos incertitudes pour nous laisser dorloter par l’amour de Dieu.